Bouhhhhhh ! Bouhhhh !

Les élections au Cambodge avaient lieu la semaine dernière dans un climat de fête populaire. La politique au Cambodge est simple : il y a deux camps, les gentils (Sam Rainsy et le PSR) et les méchants (Hun Sen, 1er ministre et leader du CCP). Les méchants sont au pouvoir depuis 20 ans, favorisent la corruption et leurs petits copains d’affaire chinois et vietnamiens. Le pire étant la corruption car c’est une telle institution qu’on la retrouve à tous les niveaux, même dans les écoles primaires (Tu veux venir au cours de cet après midi ? Dis moi petit, tu as combien sur toi ? ceci n’est pas une éxagération mais vu ce que sont payé les profs c’est presque compréhensible). Depuis qu’ils sont au pouvoir rien n’a changé au Cambodge, toutes les actions visant à améliorer les conditions de vie des Cambodgiens viennent d’ONG externes, seule une infime partie de la population a profité de l’essor économique. Les méchants se sont débrouillé pour exiler le chef des gentils en bidonnant une accusation, ce qui est un net progrès depuis 1998 où on se contentait d’assassiner les opposants. Sam Rainy (le gentil) grâce aux pressions diplomatiques des américains et européens a pu rentrer au Cambodge pour faire campagne seulement une semaine avant le scrutin. Le jour de son retour il valait mieux ne pas traîner dans les environs de l’aéroport, il y avait des embouteillages monstrueux et bien 100 000 personnes à l’attendre (les cambodgiens disent un million, mais cela ressemble beaucoup aux estimations de la police et des manifestants dans les manifs en France).

Je voudrais rentrer chez moi svp

Toute la semaine dernière les méchants organisaient des super convois avec camion sonorisé, drapeau, T-shirt, casquette qui pouvaient regrouper des centaines (voir des milliers) de moto qui tournaient dans la ville et générant au passage des embouteillages mettant à l’épreuve mon calme légendaire. Heureusement le gouvernement a eu de bonnes idées pour fluidifier le trafic : le mois dernier c’était open-bar sur la route, la police n’avait pas le droit d’arrêter personne. SI je n’étais pas aussi respectueux de la loi et de l’ordre j’en aurais sans doute profiter. Il y avait aussi des cortèges pour Sam Rainsy, beaucoup moins bien organisés, regroupant une population beaucoup plus jeunes et qui passaient en scandant « Change or not change ? » ou « Number 7″ (le numéro de Sam Rainsy sur la liste électorale).

Finalement les méchants ont gagné, les gentils ont fait appel pour irrégularités: il est un peu étonnant que beaucoup de gens se soit rendu à la mairie pour se rendre compte que quelqu’un avait déjà voté pour eux. La Chine et le Vietnam ont validé les résultats et offert tout leur soutien (dont un soutien militaire) à Hun Sen pendant que les européens et américains ne reconnaissent pas la validité du scrutin. Tout ça dans une ambiance trés calme, il n’y a eu qu’une mini rebellion (une seule voiture brulée) et les gens avec qui j’ai parlé semblent accepter leur sort avec résignation.

Un trés bon article sur le sujet : http://www.courrierinternational.com/article/2013/07/01/en-vue-des-elections-tous-les-coups-bas-sont-permis

Ce qui peut choquer au Cambodge ce sont les détritus. On ne se retrouve jamais dans une situation « critique » mais le planning du camion poubelle est complètement chaotique et les cambodgiens jettent tout par terre sans aucun remord ce qui fait que, même en l’espace d’une journée, un endroit peut vite avoir l’air sale (je ne parle pas du centre-ville qui lui est nettoyé sûrement deux fois par jour). J’étais inquiet du tri des déchets jusqu’à découvrir un soir qu’une vieille dame ouvrait mes poubelle pour en ressortir le plastique et le carton. J’ai compris à quoi correspondait le métier de « chiffonnier ». Depuis ce jour je mets mes déchets recyclables dans un sac à part que je lui file quand je la vois. La première fois elle m’a regardé avec des grands yeux, s’attendant sans doute à ce que je lui demande de l’argent en échange. Au final je pense que le tri est encore mieux fait qu’en France.

Un excellent article sur les chiffoniers : http://www.lejournalinternational.fr/Les-chiffonniers-de-Phnom-Penh_a997.html