Il y a deux semaines a eu lieu la semaine de l’incompréhension.

D’abord il y a eu le chauffeur de touk-touk jeudi. Nous sommes allé manger à 3 km de l’école, nous y sommes donc allés en touk-touk (sorte de carriole tirée par une moto). A l’aller nous avons payé 3$. Au retour nous avons donc donné 3$ à un autre chauffeur de touk touk en sachant que c’était un trés bon prix (un cambodgien pour la même course paye environ 2$). Le chauffeur a commencé à nous dire qu’il n’est pas d’accord, que la course vaut 4$ (2 fois le prix normal). Romain, un collègue, essaie d’expliquer au chauffeur de Touk-touk que 3$ c’est un bon prix d’ailleurs nous avons payé 3$ à l’aller. A ce moment là le chauffeur retourne à son touk-touk et en sort une espèce de lame en fer de 1 mètre et nous explique qu’il n’est vraiment pas d’accord et qu’au Cambodge « I can kill you for one dollar ». Nous étions devant l’école, le garde commençait à flipper, les étudiants ne comprenaient pas ce qui se passaient, nous avons donc gentiment donné 1$. Sopanarith(une collègue responsable de la vie étudiante) qui a assisté à la scène est venue s’excuser pour le chauffeur de touk-touk en nous disant qu’il ne fallait pas croire que ce malade mental était représentatif du Cambodge et je la crois sur parole: personne parmi les présents (même Gino qui entame sa 6ème année au Cambodge) n’avait jamais vu ça. Néanmoins il faut bien admettre que les chauffeurs de touk-touk du centre-ville ne sont pas les plus honnêtes travailleurs du Cambodge : 9 fois sur 10 ils ne veulent pas rendre la monnaie parce que « sorry I don’t have the change » mais en insistant ils finissent par trouver la monnaie, ou, mes préférés, ceux qui demandent plus à l’arrivée parce que « sorry, I don’t understand before, i need 4$ not 3$, 3$ no good ». Le seul moyen que j’ai trouvé pour éviter les ennuis : prendre le touk touk depuis des coins non touristiques (pas toujours possible) ou prendre un touk-touk amical (mon voisin est touk-touk) : ils sont 5 fois plus gentils, n’essaient jamais d’arnaquer et font payer un prix juste. Parfois ils tentent leur chance en annonçant un prix astronomique, mais quand tu les regardes en souriant et en secouant la tête ils annoncent tout de suite le prix juste en souriant eux aussi. Malheureusement, le touriste lambda qui va au Cambodge sera en permanence en contact avec les touk-touks des coins touristiques et aura bien du mérite de ne pas devenir raciste. La rumeur dit que les touk-touk des coins touristiques appartiennent à une sorte de mafia, ce qui fait que jamais vous ne verrez un touk-touk de banlieue traîner prés des hôtels huppés.

Ensuite il y a eu samedi matin (et tout un historique avant ça).  Un samedi matin sur deux, tous les étudiants en stage viennent à l’école pour parler avec leur tuteur. Ly (mon supérieur et supérieur de tous les coordinateurs de formation) avait envoyé la consigne de faire les entretiens en anglais, qui est la langue de travail officiel de l’école, pour permettre aux étudiants de pratiquer un peu. Gino, responsable pédagogique, était derrière cette idée, ces commentaires sont entre parenthèses dans la suite de l’article. Quelle ne fut pas sa surprise quand au détour d’un couloir il s’est rendu compte que tous les profs et le coordinateur d’anglais faisaient leur entretien en Khmer (goûtez l’ironie). Il leur fait remarquer, ils commencent par nier (« non mais je vous ai entendu les gars »), puis admettent, puis argumentent que les étudiants ne sont pas assez bons en anglais et qu’ils ne peuvent pas leur faire dire les détails de leur stage (« et moi qui parle pas Khmer les gars je fais comment? »). Ils n’ont rien voulu entendre, le ton est vite monté, et j’ai vu le moment au Gino allait se battre avec un des profs particulièrement de mauvaise foi. Ly arrive et Gino lui explique qu’il trouve inadmissible que des profs se permettent d’ignorer les directives de leur supérieur hiérarchique. Après une longue réunion avec beaucoup d’éclats de voix, des profs qui campent leur position et se fichent de la décision de la hiérarchie, Ly propose d’oublier cette dispute et de continuer à travailler ensemble dans de bonnes conditions (« Mais, mec, tes profs ils sont hors de contrôle, ils font que ce qu’ils veulent, le problème il est pas réglé là, je veux bien oublier mais il va se passer quoi dans deux semaines, on rejouera la même scène ?« ). Ça c’est le management à la Cambodgienne, tout dans l’évitement, et ne surtout jamais faire face au problème. Finalement le lundi matin le coordinateur et un des profs avaient posé leur démission.

Quelques événements plus légers pour ne pas que vous croyiez que c’est le bordel tout le temps :

Samedi aprem j’ai organisé une série de conférences données par le Google Developer Group de Phnom Penh, en cherchant bien vous me trouverez sur la photo (pas besoin de trop bien cherché…)

La conférence était ouverte au public (100 personnes présentes en tout sur l’aprés midi!) : on a eu des étudiants de l’université, des profs de l’université et … des moines…

Et aprés la conférence : direction le barbecue beer garden avec les volontaires qui ont aidé à organiser l’événement ! Le grand plat rond au milieu de la table c’est le barbecue ! Il n’y en a que deux sur la photo mais on était 7.

En allant visiter un temple j’ai assisté au vol d’un paquet de chips par un singe, qui a réussi à ouvrir le paquet ensuite (certes en renversant la moitié du paquet par terre, mais c’était quand même un bel effort)

Et un petit détour par Skateistan, une asso qui apprend le skate à des enfants des rues ( http://skateistan.org/ )