Cette semaine a eu lieu ma première action vraiment difficile. Je savais en venant que je serai parfois confronté à des situations où je n’aurai pas envie de me trouver et c’était exactement le cas jeudi. Les étudiants de 2ème vont partir en stage dans 2 semaines, à leur retour ce sera la cérémonie de remise des diplômes. Un conseil de classe avait lieu jeudi pour vérifier que tout allait bien. J’ai appris que 2 étudiants avaient des notes un peu insuffisantes selon les critères d’attribution du diplôme mais surtout qu’ils montraient tous les deux des problèmes de comportement (pas attentifs, pas travailleurs, donnent l’impression de s’en ficher, chahutent en classe…). Ly, le responsable des étudiants, m’a donc demandé d’aller leur parler car si ils continuent comme ça, non seulement ils n’auront pas leur diplôme, mais en plus ils vont se faire virer de leur stage et mettre à mal la réputation de l’école.
Les étudiants étaient en projet tuteuré. On entre dans la salle. Ca commence fort, 3 étaient en train de regarder un film, tranquille, évidemment l’un d’eux était un des étudiants en difficulté. Je vous laisse imaginer le savon qu’ils ont pris… Ly les a envoyé voir la responsable de la vie étudiante avant que nous ne commencions, histoire d’en rajouter une couche. Finalement les deux étudiants se présentent devant Ly et moi (dont l’un n’en mène déjà pas large). Les deux ont été recrutés par l’intermédiaire de PSE (Pour un Sourire d’Enfant), il y a donc de forte chance qu’ils aient grandi sur une décharge, été recueillis par PSE pendant leur enfance puis re-scolarisés. Et je me retrouve devant ces deux jeunes qui ont dû en voir de toute les colères et je suis sensé leur mettre leur misère… Quand un cambodgien se fait engueulé, il baisse les yeux et acquiesce à tout ce que vous dites. De temps en temps je leur demandais si ils comprenaient ce que je leur racontais et ils me répondaient « Yes teacher, you’re right » avec un air vraiment piteux. Je ne peux pas dire que j’ai passé un bon moment ! Surtout qu’intérieurement j’avais envie juste envie de leur dire « Ok vous faites les cons, mais vous faites pas choper au moins ! Et assurer les notes ! » Ça a duré 5 très longues minutes pour moi où je leur ai expliqué que c’était leur dernière chance, que trop d’énergie et de temps avaient été dépensé pour eux pour qu’il le gâche, et blablabla, puis Ly en a remis une couche en cambodgien pendant 5 minutes de plus. Au final je suis sorti de là j’avais l’impression d’y être depuis deux heures. Ly était content de ma prestation, c’est que je n’ai pas trop dû montrer ma répulsion à le faire mais je préférais vraiment mettre la misère aux proies faciles du MIPIH et de Mazamet…
La question c’est est-ce que ça aura été profitable. Si oui, la coup de gueule n’aura pas été poussé pour rien !
Je comprends tout à fait ce que tu peux ressentir.
Bon d’accord moi c’est un peu différent car je m’adresse à des enfants et non à des adultes, il faut essayer de dire les choses clairement, sans lever la voix, en essayant de trouver le point sur lequel appuyer, la faille dans laquelle s’engouffrer pour que le discours soit utile et qu’il ne fasse pas trop mal.
C’était effectivement plus facile de faire des misères aux pauvres automobilistes.
dis toi que tu fous la misère à Yannick.
tu verras ça ira tout de suite beaucoup mieux !
Eh ! Qu’est ce que j’ai à voir là dedans moi.
Déjà j’aime pas faire de police route, et je fous pas la misère au automobilistes, sauf si ils le cherchent.
Coucou Jonjon,
C’est pas facile de remettre quelqu’un dans le chemin, mais tu as fait ce qu’il fallait et la meilleure chose qu’on puisse souhaiter c’est que tout ça les ait choqués et qu’ils changent de comportements. Maintenant, il me semble que le meilleur des apprentissages passent par l’exemple (qu’on donne et qu’on donne pas). Apparement, dans ton école, ils sont aussi sur ce plan là… et puis ils ont peut etre des soucis qui apparaissent pas dans le contexte de l’école? T’as pu entamer un dialogue avec eux?
(Je continue)
Hey ,
Ouais c’est sûr c’est pas facile! La différence c’est que tu fais ça pour leur bien, pour les cadrer alors que quand t’étais au Mipih justement tu essayais de nous pourrir et de nous faire sortir des rangs
Pas facile de faire le bien autour de soit, hein!
Et encore moins de gagner en maturité !
J’ai un peu du mal à t’imaginer quand même à donner des leçons de moral, ça a pas du être facile de renier le chaotique qui sommeille est en toi !
hmmm